Une journée relativement calme pour un début d’année. L’étouffante chaleur de l’été s’était calmée et l’air était un peu plus respirable va-t-on dire. Il faisait certes toujours beau à tel point qu’il fallait s’habiller avec des vêtements légers, mais au moins, on pouvait dormir la nuit et on ne cherchait pas la chaleur au quotidien.
La salle commune était vide lorsque je descendis de mon dortoir. Il fallait dire aussi que je m’étais levée tard et ce à cause d’un livre dont j’avais absolument voulu connaitre la fin avant d’aller dormir. C’était donc à quatre heures du matin que j’avais éteins ma baguette, fermé mon bouquin, et m’étais endormie avec un sourire collé sur mon visage. La satisfaction de finir un livre était quelque chose que très peu de personne comprenait réellement. Je tenais cette passion pour les mots de mon grand père qui avait une multitude de livres dans sa bibliothèque. D’ailleurs, celui que j’avais terminé en faisait partie.
J’avais en ce moment même le fameux livre dans les mains. Je devais le renvoyer à la maison afin qu’il m’en envoi un nouveau. Avec un peu de chance, je recevrais un nouveau livre d’ici la soirée. Sinon, le lendemain.

Je me dirigeais tranquillement vers la volière. L’inconvénient, c’était qu’il fallait marcher pendant au moins dix bonnes minutes avant d’arriver devant la grande tour qui se trouvait assez reculée de Poudlard. Peut-être avaient-ils peur que les hiboux et les chouettes ne dérangent les élèves durant la journée ? Peut-être… Tout était une série de peut-être sur le questionnement de l’organisation des salles et des couloirs de Poudlard. Chaque bâtiment aussi. Lorsqu’on se demandait le pourquoi du comment, on commençait toujours par « peut-être ».
Je grimpais les grands escaliers de pierre qui menait à l’entrée de la volière. J’entendais les hiboux et les chouettes qui hululaient et parfois même le battement de leurs ailes.
Comme d’habitude, l’intérieur était plein de plumes. J’avais l’impression de marcher sur un nid de plumes. A cette pensée, je souris. Mon facteur du jour serait un Grand Duc. Je n’avais pas de préférence particulière sur la question, mais c’était le premier qui était venu à moi. Je lui confiais le colis et il s’envola par la lucarne. Je le regardais disparaitre dans l’horizon et ce fut uniquement lorsqu’il disparut que je me dirigeais vers la sortie tout en prenant une plume abandonnée sur le sol.
Je ne les collectionnais pas, mais j’aimais bien leur douceur. Rien à voir avec les plumes d’oie dont on se servait pour écrire.

Alors que je retournais au château, je fis un petit détour par le parc pour voir si je trouvais quelqu’un que je connaissais. Cependant, même en cherchant quelqu’un, je me mis à rêvasser debout à tel point que j’en oubliais tout ce qui m’entourait en ce moment même. J’avais la tête ailleurs, dans les nuages pour être précis. Mes pensées allaient d’un point à un autre. Je n’en avais pas de particulières en tête. Rien n’aurait pu me sortir de ma torpeur lorsque je heurtais quelqu’un en plein fouet. Tellement surprise de heurter quelque chose (et pourtant, je ne devrais pas l’être étant donné que ça m’arrivait souvent) j’écarquillais de grands yeux tout en reculant de quelques pas. Je levais la tête pour voir qui j’avais eu le malheur de heurter ainsi.

La personne que j’avais percutée était une jeune fille. Enfin jeune fille… Elle était tout de même beaucoup plus grande que moi. Je la regardais, toujours avec mes yeux ronds. Elle semblait avoir quinze ou seize ans. Peut-être même dix-sept.
Elle ne sembla pas du tout énervée que je lui ais rentré dedans, ni même parce que j’avais l’air d’une belle idiote à la regarder comme je le faisais. J’étais trop émotive. Chaque chose me touchait énormément. J’avais l’impression que si je rentrais dans quelque chose il y aurait une conséquence grave sur ma petite personne. Or là, la jeune fille m’en prouva le contraire. Elle me souriait comme si ce n’était pas grave.

- Bonjour, je m'appelle Daphné Delacour. Et toi?

Rien ! Pas un seul reproche ! Nada ! Que dalle ! Niet ! Moi qui m’attendait à un « tu peux pas regarder où tu vas ?! » Et bien j’étais agréablement surprise.
J’ouvris la bouche mais aucun son n’en sortit. J’avais l’air d’un poisson hors de son bocal. Idiote que j’étais ! Pourquoi fallait-il que je manque d’assurance dans tout ce que je faisais ?

- Je… Alessa. Pardon… je suis… désolée… J’aurais du regarder où j’allais !

Foutue timidité maladive ! Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas parler normalement ?! Ca semblait pourtant si simple mais ça ne sortait pas. Ca refusait de sortir ! En plus de ça, le rouge me montait aux joues. Et malheureusement, pas qu’un peu.

- Je...Alessa. Pardon...je suis...désolée... J'aurais du regarder où j'allais!

Alors qu'elle balbutiait des excuses elle se mit à rougir. Vraiment trop chou!! Elle me rappelait Hugo quand il était timide. Je ne voulais pas non plus qu'elle garde un souvenir de moi comme quelqu'un d'hautain. Je voulais simplement que cette petite Alessa évite de s'étouffer dans des remords inutiles.

- T'en fais pas pour ça. Moi aussi ça m'arrive de pas regarder où je vais, la rassurais-je en pensant à la première fois où j'avais croisé Rose.

Cette fille était vraiment jolie et carrément attendrissante. Il faudrait absolument que je demande à Hugo s'il la connaissait.... Peut-être que je pourrait les prendre en photo tous les deux. Après tout j'avais déjà une photo du garçon en train de faire la moue, quelques unes de Scorpius, mais aucune de fille. Ce qui me donna une idée.

- Est-ce que je peux te prendre en photo? lui demandais-je avec un grand sourire.

Je devais passer pour une psychopathe à demander des photos à une inconnue. Mais j'étais sûre qu'elle ferait un magnifique portrait. Pourvu qu'elle dise oui!

Je ne savais vraiment pas quoi dire pour ma défense. J’étais inexcusable. Plané à 4 000, c’était la chose que je faisais le mieux, mais aussi la chose la plus maladroite. Quoi que, quand je trébuchais sur n’importe quoi, c’était pas mal aussi ! De toute façon, il n’y avait qu’à moi que ça arrivait ce genre de chose. Je n’étais pas née sous une bonne étoile.
J’essayais tant bien que mal de calmer la rougeur de mes jours, mais il n’y avait strictement rien à faire de toute façon. Ca ne voulait pas partir.

- T'en fais pas pour ça. Moi aussi ça m'arrive de pas regarder où je vais

Je levais la tête vers la jeune fille. Non, c’était impossible qu’elle soit aussi maladroite que moi. Pas une fille comme elle. C’était... C’était impossible !

- Je... Ah ? fis-je un peu stupidement.

Je ne pus rien dire d’autre car la jeune fille enchaina.

- Est-ce que je peux te prendre en photo?

De nouveau mes yeux s’écarquillèrent. Me prendre en photo ? Mais pourquoi ? Parce que j’étais une gourde et qu’elle voulait se souvenir de ma tête pour la prochaine fois ?

- Pourquoi ?

Ce n’était pas trop mon truc de me faire prendre en photo. On avait pourtant l’habitude de me dire que j’étais aussi jolie sur une photo qu’en vrai, et pourtant, je n’arrivais pas à le croire. Quand on me disait ça, dans ma tête, c’était uniquement pour me rassurer et que je laisse immortaliser le moment. Rien de plus.

-Pourquoi? fit-elle de sa jolie voix de lutin.

Apparemment elle n'était pas vraiment partante. Ce n'était pas grave. J'allais me faire une joie de la convaincre.

- Eh bien, j'adore prendre des photos et je suis persuadée que tu ferais un superbe tabloïd.

Elle avait toujours une expression sceptique sur le visage.

- S'il te plaît? ajoutais-je avec un grand sourire.

Elle me faisait penser à un moineau effrayé sur le point de s'envoler. Pourtant elle n'avait rien à craindre!
C'était la première fois depuis longtemps que je voyais une jeune fille de ce genre de beauté. Rose était plutôt vive, Zora déterminée, mais aucune n'était d'une telle douceur. Lorsqu'on la regardait dans les yeux on avait l'impression qu'on pouvait se perdre dedans, comme si elle nous entraînait dans son propre univers.
Si j'arrivais à faire ressortir cette impression sur une photographie je pourrais peut-être me proposer dans un concours moldus avec la certitude de gagner. Encore fallait-il qu'elle accepte.

- Je suis prête à te rendre n'importe quel service si tu acceptes, lui proposais-je en désespoir de cause.

« Dis oui, dis oui, dis oui » priais-je avec ferveur. Je ne savais pas encore exactement pourquoi cette fille m'intéressait mais j'étais déterminée à le savoir.

- Eh bien, j'adore prendre des photos et je suis persuadée que tu ferais un superbe tabloïd.

Mouais... On ne pouvait pas dire que j’étais persuadée. Moi ? Faire un superbe tabloïd ? Ca, ce n’était pas garanti. Déjà que je n’aimais pas vraiment me faire prendre en photo si en plus on me disait que j’allais faire un superbe tabloïd...

- S'il te plaît?

J’avais la tête légèrement levée vers elle et la regardais dans les yeux. Je ne savais vraiment pas pourquoi elle tenait tant à me prendre en photo. Je me mordillais la lèvre inférieure, signe que j’hésitais entre le oui et le non. Quelque chose au fond de moi me poussait à lui faire confiance. Qu’elle ne voulait pas me prendre en photo pour se moquer de ma maladresse légendaire. Quoi que ça aurait été bien fait pour moi qu’on se moque de moi. Après tout, j’étais maladroite, je cassais souvent quelque chose, je tombais au moindre truc... J’avais l’habitude de tout ça, mais j’attirais toujours autant les regards sur moi.

- Ben...

Je n’eus malheureusement pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre car Daphné enchaina :

- Je suis prête à te rendre n'importe quel service si tu acceptes.

Tout ça pour une photo de moi ? Devais-je me sentir flatée ou gênée ? Ce fut la seconde option qui se présenta à moi car mes joues reprirent un peu de couleur. Moins que tout à l’heure, mais des couleurs quand même. En plus j’avais la peau pâle donc ça se voyait beaucoup plus que chez les autres.

- Si tu y tiens... répondis-je résignée.

- Si tu y tiens...

Elle était trop mignonne. Et j'adorais tout ce qui était mignon. Hugo par exemple.
Je la pris par la main et l'entraînais derrière moi. Je la fis asseoir au bord du lac et m'installais à côté d'elle. Tout en réglant l'appareil je fis la conversation.

- Tu sais tu me fais penser à Hugo Weasley. Je ne sais pas si tu l'as déjà rencontré, il est en troisième année. Il est aussi timide que toi et au début, il n'arrivait pas à tenir une conversation avec moi, je riais à ce souvenir. Je vous trouve vraiment trop chou tous les deux. Je connais quelqu'un qui devrait en prendre de la graine. Je pense à Scorpius Malefoy. Tu vois qui c'est? D'habitude j'arrive à peu près à cerner les gens, mais lui je n'y arrive pas. Enfin c'est pas pour autant que je ne l'apprécie pas, loin de là...

Je jetais un coup d'oeil discret à la jeune fille brune. Elle avait de nouveau un air rêveur sur le visage et le rouge avait disparu de ses joues.
Immédiatement je braquais l'objectif vers elle et pris trois photos rapides. Je suis la reine de la photo surprise!

- Au naturel c'est mieux, me justifiais-je.

Tout de suite, Alessa eut de nouveau un air timide et le rouge lui monta aux joues.

- Ne t'inquiète pas, j'ai eu les photos que je voulais. Je ne vais plus te torturer, riais-je.

J'étais intriguée par cette petite miss.

- Dis, tu pourrais me parler un peu de toi? Enfin si ça ne t'ennuie pas évidemment.

Je devais vraiment passer pour quelqu'un de bizarre mais je la trouvais sympathique et j'aurais bien voulu la connaître.

Je me fis embarquer par Daphné qui m’attrapait par la main. Je dus pratiquement courir pour ne pas qu’elle parte avec mon bras uniquement. J’aurais eu l’air de quoi, moi, avec un bras en moins ? J’en avais besoin en plus, j’écrivais avec cette main.
Elle m’entraina vers le lac et me fit asseoir au bord de la grande étendue d’eau. Je la regardais faire de même et s’asseoir à côté de moi.
Je l’écoutais me parler d’Hugo. Oui je l’avais rencontré au chemin de traverse. D’ailleurs ce jour-là, mon petit palpitant n’avait jamais autant battu de toute sa vie. Elle parlait seule. Je n’avais pas besoin d’ouvrir la bouche pour répondre. Puis elle vint à me parler d’un certain Scorpius Malefoy (Malfoy ?). Je l’écoutais parler sans rien dire jusqu’à ce que POUF ! Je me pris un flash en pleine figure et trois petits cliquetis ce firent entendre.

- Au naturel c'est mieux.

Ah ? Bah de toute façon, c’était comme ça que tout le monde procédait pour me prendre en photo.
Puis elle me rassura comme quoi elle n’avait plus de photos à prendre. J’étais contente que se soit terminé. Je n’aimais pas trop les séances photos.

- Dis, tu pourrais me parler un peu de toi? Enfin si ça ne t'ennuie pas évidemment.

- Et bien.... Je n’ai pas grand-chose à dire en fait... Je viens d’Italie, mais la vie que m’offrait mes parents ne me plaisait pas alors ils m’ont envoyé chez mes grands parents qui habitent à Londres.

Voila, c’était tout ce que j’avais à dire sur moi. Je n’avais une vie très intéressante en elle-même. Elle était plutôt monotone. Sans aucun changement.

- Et bien.... Je n’ai pas grand-chose à dire en fait... Je viens d’Italie, mais la vie que m’offrait mes parents ne me plaisait pas alors ils m’ont envoyé chez mes grands parents qui habitent à Londres.

Ça y est elle arrivait à aligner plus de deux mots sans rougir. Elle faisait vraiment mature pour une aussi jeune fille. Si seulement elle était moins timide elle aurait pu être extrêmement populaire.

- Si tu racontes ta vie, tu n'as jamais peu de chose à dire.

Ouuuh je me lançais en mode philosophe, il allait falloir que je dorme un peu plus je crois.

- Parce que la vie de chaque individus est marqué de choses importantes, même si pour les autres elles peuvent n'avoir aucune valeur.

Je la regardais discrètement, Alessa paraissait parfaitement à l'aise dans ce genre de conversation.

- Dis tu viens d'où exactement en Italie? Et pourquoi est-ce que tu n'y habites plus?

Je m'étonnais qu'elle n'est pas voulu rester avec ses parents alors qu'elle avait la chance de les avoir tout les deux. Enfin je ne doutais pas de la gentillesse de ses grand-parents! Et puis les paternels pouvaient être si bizarre des fois...
Je me rendis compte que mes questions étaient vachement personnelles. Ça C'était moi. Lorsque je trouvait quelqu'un d'intéressant il fallait que je le mitraille de questions jusqu'à ce que je sache. Prenons l'exemple de Rose, elle m'a révélé qu'elle était en fait un animagus. Et Zora qui m'a détaillé ses motivations pour rester à Serpentard. Même Malefoy qui m'a avoué que jamais il ne rentrerait chez les Ecorchés!
Je devrais peut-être me reconvertir en Rita Skiter moi...

La jeune fille me fit un cours sur le racontage de vie que j’écoutais avec attention. Ca me faisait bizarre de me dire que je pouvais avoir quelque chose à raconter de ma vie tout en sachant que je vivais le banal quotidien jour après jour. Seulement voila, elle était bien gentille, mais je ne voyais pas quoi lui raconter sur mes douze petites années.

- Dis tu viens d'où exactement en Italie? Et pourquoi est-ce que tu n'y habites plus?

Disons que c’était plus simple comme ça. Elle posait les questions et moi je répondais. Toujours était-il que ça me faisait bizarre de savoir que je pouvais intéresser quelqu’un d’autre qu’un membre de ma famille.

- Ben... C’est... parce que je viens d’une famille riche de Florence et... et je supportais mal la vie mondaine. Je déteste me retrouver au milieu d’un trop plein de gens.

Ca me mettait extrêmement mal à l’aise. Même encore aujourd’hui je n’étais jamais bien dans mes basquettes quand je me retrouvais dans la Grande Salle pour les repas.

- Un jour, j’ai déclaré vouloir aller chez mes grands-parents. Ce sont des sorciers eux aussi, comme mes parents, mais ils se sont mis à vie moldu et... et cette vie me convient. Je m’y sens mieux.

Au moins quand mes grands-parents avaient des invités, ça n’allait jamais au de-là de cinq ou six. Contrairement à mes parents qui, quand ils invitaient, il y avais au moins une centaine de personne.

Eh bien! Elle montrait un sacré courage! J'aurais toujours pensé qu'à son âge on voulait le plus de fringues fabuleuses possible et qu'on ne pensait qu'aux garçons (enfin j'étais mal placée pour parler de ça). Visiblement ce n'était pas du tout son cas. Quoique...

- Donc...Tu connais Hugo?

Immédiatement Alessa se mit à rougir. Ahah! J'avais touché un point sensible.

- Vous vous ressemblez vraiment tous les deux. Aussi timides et à part l'un que l'autre. Ce n'est pas du tout un problème, ajoutais-je précipitamment pour ne pas qu'elle soit induite en erreur. Au contraire je trouva ça trop mignon!

Elle rougit de plus belle. Mince, qu'est-ce que j'étais sensée faire pour la détendre? Et puis j'eus une idée. Inspirée de Hugo justement. J'empoignais à nouveau mon appareil photo et lui tendis.

- Essaie toi aussi de prendre quelques clichés. Ça pourrait t'amuser, l'incitais-je avec un clin d'oeil.

Je l'observais tendre sa fine main pour prendre à son tour l'appareil. Elle tremblait un peu remarquais-je. Je me demandais comment cette jeune fille si timide pouvait s'être fait des amis. Peut-être qu'elle arrivait plus facilement à parler avec les gens de sa propre maison. En même temps elle venait de me dire que la compagnie des gens lui était insupportable. Elle était peut-être agoraphobe sur les bords... ou peut-être avait-elle subie un traumatisme? Je partais un peu loin. C'était souvent comme ça quand je m'absorbais dans mes pensées.
J'espérais simplement que le fait de tenir un appareil moldu la dé-stresserait. Mais apparemment j'avais encore du pain sur la planche... Et dommage pour elle je n'allais pas lâcher le morceau!

- Donc...Tu connais Hugo?

J’ignorais pourquoi, mais le simple fait d’entendre ce prénom me fit rougir. Et pas qu’un peu car je devais être écrevisse. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que je réagisse de cette façon ? Ce n’était qu’un prénom après tout, non ? Et puis il n’était pas dit qu’elle me parlait du même Hugo que je connaissais ! Sauf qu’un peu plus tôt elle avait dit Hugo Weasley. Or justement, c’était ce Hugo là que je connaissais.
Daphné m’annonça que lui et moi on se ressemblait niveau timidité et qu’elle trouvait ça trop mignon. Ah ? Et bien, moi, j’aurais beaucoup aimé être moins timide et avoir un peu plus de courage. Ne serait-ce que pour avoir une conversation normale avec quelqu’un. Rien que pour ça en fait.

- Ah ?

Ce que je pouvais être bête avec mes réponses stupides. Avec ça, elle était certaine que je connaissais au moins la première lettre de l’alphabet.

- Essaie toi aussi de prendre quelques clichés. Ça pourrait t'amuser.

Je baissais les yeux pour voir qu’elle me tendait son appareil photo. Le prendre ou ne pas le prendre ? Je n’avais pas envie de la vexer en refusant de le toucher. Je tendis une main vers l’appareil photo. En même temps, j’avais tellement peur de le casser.
Avant que mes doigts n’effleurent l’appareil, je laissais retomber ma main.

- Je veux pas le casser. Tout ce que je tiens, je le casse bien souvent. Je ne fais pas exprès mais... Alors je peux pas.

Etre moins gauche aussi me plairait. Mais je n'avais vraiment pas envie qu'elle me cris dessus parce que je l'avais cassé.

Je m’en voulais de refuser de cette façon de faire plaisir à Daphné. Mais j’avais tellement peur de casser son appareil photo que je ne voulais pas risquer quoi que ce soit.
Je regardais le lac avec émerveillement. Il était magnifique avec tous ces petits diamants un peu partout. Les rayons du soleil tombaient pile poils là où ils devaient tomber. Enfin, c’était mon point de vue. Il n’était pas forcément le même chez tout le monde.
Je partis dans mes éternelles rêveries d’enfant. J’avais beau être une sorcière, je partais toujours dans un monde encore plus fantaisiste que dans lequel je vivais déjà. Pour beaucoup d’enfants moldus, le monde dans lequel je vivais été déjà fantastique à souhait.

- Dis, est-ce que tu as une passion ?

Je sursautais légèrement. Pas assez en tout cas pour que ce soit visible, mais assez pour que mon petit palpitant se mette à battre un peu plus fort. Je tournais la tête vers Daphné qui avait retiré ses chaussures et remonter son pantalon. Pour ma part, j’étais assise en tailleur.

- C’est juste que à ton âge… Enfin je veux dire, tu dois avoir un hobby comme tout le monde non ?

Je réfléchissais à une réponse à sa question. Est-ce que j’avais un hobby ? En vérité, non pas vraiment… J’aimais beaucoup de choses.

- J’aime lire.

C’était une des choses que j’aimais particulièrement et c’était à ça que je passais la plupart du temps et que j’aimais beaucoup. Le pire c’était que j’aimais toutes sortes de livres. Philosophie, science, thriller, policier, fantastique etc… Tous les livres m’intéressaient.
J’adressais un petit sourire à Daphné. Nul besoin de lui demander le sien. Etant donné la façon dont elle m’avait supplié pour me prendre en photo.

- Et toi, à part la photo ?

Qui sait? Peut-être que mis à part la photographie, Daphné aimait peut-être autre chose.

- J’aime aussi beaucoup la lecture et j’essaye aussi d’apprendre à bien jouer de la guitare.

Je regardais Daphné avec de grands yeux admiratifs. De la guitare ? Oh ! Moi aussi ça m’aurait plu d’apprendre à jouer de la guitare. Je trouvais le son magnifique. Seulement voila, comme je cassais tout ce que je touchais (ou presque)… Je n’osais pas essayer. J’allais surement casser les cordes, ou quelque chose dans ce gout là.
Je me demandais également ce qu’elle pouvait aimer comme style de lecture. Fantastique ? Féerique ? Aventure ? Policier ? Thriller ? Philo ? Moi tout me passionnait, sur ce point là, je n’étais pas très difficile. Du moment qu’on me donnait un livre, j’étais la plus heureuse.
J’étais tellement plongée dans mes pensées que je revins sur Terre lorsque je me reçus de l’eau dessus. Surprise, j’écarquillais les yeux et vis Daphné dans l’eau. La seconde d’après, elle avait disparut sous l’eau et était réapparut quelques secondes plus tard. Je la fixais toujours un peu bêtement.

- Viens !

Moi ?
Un peu plus et je me désignais du doigt tellement je ne m’attendais pas à ce qu’elle me demande de venir avec elle. En plus de ça…

- Je… J’ai pas mon maillot de bain…

Contrairement à elle d’ailleurs. Quelque part, je l’enviais un peu car elle pensait à tout et elle n’était pas timide.
Cependant, j’étais bien avec elle. Je me sentais confiante. Bien que j’avais toujours peur de tout casser. C’était un peu comme avec Hugo.
A peine cette pensée m’eut traversée l’esprit, je me mis à rougir violement. Je secouais légèrement la tête, essayant d’oublier ça.

Daphné ne dit rien quant au fait que je n’avais pas de maillot de bain. C’était nul comme excuse, mais personnellement, j’étais bien trop pudique pour accepter de rester en sous-vêtement. Certain pensait que ça pouvait faire office de maillot de bain, mais pas moi. C’était ma conception des choses.
J’avais eu un peu dans l’espoir qu’elle ne remarque pas la rougeur de mes joues, mais ce fut raté car elle me demanda à qui je pensais. Je la regardais l’air étonné. Comment avait-elle su que je pensais à quelqu’un ? Surtout au moment même où je pensais à Hugo. Etait-ce si visible que ça que je pensais à quelqu’un ? Mon mutisme lui prouva qu’elle avait vu juste et aussitôt elle me demanda si elle connaissait cette personne. Le rouge de mes joues s’amplifia encore plus. Ce n’était pas la question qui me gênait, c’était qu’elle connaissait justement cette personne.
Je la regardais sortir de l’eau et s’allonger au soleil, de nouveau à mes côtés. Dans mon cerveau, une méga bataille avait lieu. Est-ce que je pouvais lui dire ce qu’elle voulait savoir ? Bien sur que je pouvais, mais j’étais trop timide pour ça. Et puis… Peut-être qu’elle allait se moquer de moi ? Je me remémorais ensuite ce qu’elle avait dit quelques minutes plus tôt sur Hugo. Non, elle n’allait pas se moquer. Enfin, je croisais les bras.

- D’accord, mais… mais tu rigoles pas, hein ?

J’étais plutôt restée normale pour le coup, mais ça n’allait pas durer.

- Je… je pensais à Hugo. Mais te méprend pas, hein ?!

De nouveau je devins aussi rouge qu’une tomate. Quelle idée aussi de dire ça ? J’étais grillée en deux secondes avec ça !

- D’accord, mais… mais tu rigoles pas, hein ?

Bien sûr que non! Elle avait tort de s'en faire, je ne me moquais jamais des autres…ou bien ce n'était pas méchant… et si ça l'était c'était qu'ils l'avaient cherché!
J'étais suspendue à ses lèvres, prête à entendre la grande révélation.

- Je… je pensais à Hugo. Mais te méprend pas, hein ?!

Et là elle piqua un fard monumental. Si c'était pas mignon ça? Elle était amoureuse, ou en tout cas en pinçait fortement pour le petit frère de Rose.
Comment je pouvais le savoir? Facile. Demandez à une fille qui est l'objet de ses pensées et en fonction de sa réaction et de son caractère vous verrez tout de suite si c'est un ami ou un peu plus.
Je me tournais vers Alessa, avec un sourire innocent.

- Tu veux que je tâte le terrain?

Si elle niait il serait évident qu'elle y était attachée. Et puis j'avais du flair pour ces choses là. De plus la jeune poufsouffle et le gryffondor avaient sans aucun doute des points communs (leur timidité par exemple) et de nombreuses affinités (grâce à leur caractère doux et rêveur).
Je me demandais quelles choses nous pouvions avoir aussi en commun avec Scorpius. Notre entêtement, notre attraction à ennuis, notre soif de connaissance… Enfin tout cela ne nous empêchait absolument pas d'être radicalement différents.
Puis une idée pour rapprocher les deux tourteraux fit tilt.

- Tu comptes te faire inviter par lui au bal de rentrée? Ce serait une excellente occasion pour vous rapprocher d'avantage!

La jeune fille ne paraissait pas convaincue. Pourtant je les voyais parfaitement tournoyer romantiquement sur une valse. Enfin je m'emballais peut-être un peu visiblement.

- Tu veux que je tâte le terrain ?

Hein ? Pardon ? Comment ça tâter le terrain ? Lui poser la question ?! Oh non ! Non, non, non ! Qu’est-ce qu’il allait penser de moi après ? Il allait se dire que je me faisais des films, à tous les coups ! Et le pire, c’était que j’en étais persuadée ! Hugo était très gentil avec moi, adorable même ; mais qu’est-ce qu’il ferait d’une fille comme moi ? J’ai deux mains gauches. Je lui inspirais sans doute plus de pitié qu’autre chose. Même s’il avait toujours fait en sorte que je me sente à l’aise.

- Je… Je pense pas que ce soit une bonne idée…

A tous les coups, Daphné m’avait grillé. D’où le fait qu’elle m’avait posé la question. Ce n’était pas le fait qu’elle lui demande qui me gênait le plus, c’était les conséquences. Et j’avais une fâcheuse tendance à imaginer le pire et non le positif. Et puis, j’avais pas envie de perdre l’amitié d’Hugo.

- Tu comptes te faire inviter par lui au bal de rentrée ? Ce serait une excellente occasion pour vous rapprocher d’avantage !
B… Bal ? Moi ? Pour danser ? Je suis une quiche en danse ! Déjà que c’est limite si je tiens sur mes deux pieds… Alors imaginez-moi à un bal ? Non, c’était… C’était… Et puis il y avait trop de monde. Je n’avais jamais vraiment été à l’aise dans la foule.
En fait, plus ça allait, plus je me disais que j’étais la fille la plus idiote qu’il puisse exister sur cette terre ! Je n’avais rien pour moi. Que des défauts ! C’était horrible !

- Et toi ? Tu as quelqu’un pour y aller ?

Répondons une question par une autre ! Avec un peu de chance, Daphné oublierait ce qu’elle venait de me demander ! Enfin… J’osais l’espérer. Oh fait qu’elle oublie ! Pitié !

J’abordais un petit sourire discret. J’avais réussi à dérouter Daphné de sa question. Question, d’ailleurs, qui me mettait un peu mal à l’aise. Mais ce n’était pas sa faute. Je ne lui en voulais pas. Ce n’était pas le cas de tout le monde d’être mal à l’aise pour ça. Prenons par exemple la personne qui se trouvait à côté de moi. Elle ne semblait pas du tout mal réagir à ma question. Au contraire, elle était plongée dans ses réflexions. Cela signifiait-il qu’elle avait quelqu’un ?

- J’ai ma petite idée… En tout cas je suis sûre que tu serais magnifique. Hugo ne pourrait absolument pas te résister.

Forcément, même si j’avais été intéressé par le début de la phrase, je ne pus pas m’empêcher de rougir pour la deuxième partie. J’avais l’impression que Daphné lisait en moi comme dans un livre ouvert. Elle devinait tout sans que j’ai besoin d’ouvrir la bouche. Malgré ça, je l’aimais bien. Elle était gentille. J’avouais qu’elle m’avait fait un peu peur en me demandant, limite en me suppliant, si elle pouvait me prendre en photo. Mais au final, je l’avais trouvé gentille.
Un groupe de Serpentards passa près de nous pour aller s’asseoir à quelques mètres plus loin. Je les regardais nerveusement. Je n’avais jamais vraiment apprécié les Serpentards. Ils me faisaient peur.
Je soupirais et me retournais vers Daphné.

- Petite idée ? Qui ?

Eludons ma chère Alessa, éludons !
Cependant, j’étais une fille curieuse et j’avouais que Daphné avait réveillé ma curiosité.

Si je continuais comme ça, j’allais devenir une vraie pro pour éluder les questions. Mais il ne fallait pas que ça devienne une habitude. Ce n’était pas très correct envers la personne.

- En fait j’avais pensé au fameux Scorpius dont je t’ai parlé tout à l’heure. On a, disons pas mal d’affinités. Et puis je l’apprécie beaucoup. Ces derniers temps nous nous sommes aussi beaucoup…rapprochés.

Je hochais la tête. Certes, elle m’avait déjà parlé de ce Scorpius un peu plus tôt. Il me semblait que c’était au moment où elle voulait me tirer le portrait, ou un truc dans le genre. Je ne pouvais pas dire que je le connaissais car se serait mentir. En fait, j’en avais entendu parler par de nombreuses filles. Elles disaient toutes qu’il était d’une arrogance surdimensionnée mais aussi magnifique. Je ne l’avais jamais vraiment vu de face. En fait, les rares fois où je l’avais vu, il avait le dos tourné. Et puis, on ne pouvait pas vraiment dire que je passais mes journées à naviguer dans le château. La plupart du temps, j’étais enfermée quelque part. Cependant, je me demandais quel genre de rapprochement il y avait entre Daphné et Scorpius… Mais je gardais ça pour moi. Je ne voulais pas paraître indiscrète. Surtout que c’était sûrement une chose qui ne me regardait pas.
J’étais plongée dans mes pensées lorsque je sentis la présence de quelqu’un derrière moi. Surprise, je levais la tête pour voir un garçon de Serpentard.

- Tu es bien Alessa Salvatore ?

Je hochais la tête.

- Ca te dirait de venir au bal avec moi ?

Je me figeais quelques secondes. Comment ça ? D’où ? Pourquoi moi ? Il y en avait de tellement mieux…
Je jetais un petit coup d’œil à Daphné qui me regardait. Apparemment, elle attendait ma réponse. Moi aussi je l’attendais ma réponse. En fait, je ne savais pas vraiment quoi répondre. Oui ou non ? Telle est la question (les remix de Shakespeare sont toujours d’actualité et marchent pour tout !).

- Je…

Avais-je envie d’aller au bal avec lui ? En fait… pas vraiment. Daphné avait raison. La seule personne avec qui j’avais envie d’y aller, c’était Hugo. Seulement voila, avec ma timidité maladive, il m’était impossible de le lui demander…
Je relevais la tête vers le Serpentard qui attendait ma réponse tout en faisant des signes à son copain. Un peu genre : « C’est dans la poche ! ». Enfin, c’était ainsi que j’interprétais son pouce levé. J’attendis qu’il reporte son attention sur moi pour répondre :

- Je suis désolée, mais c’est non…

Le jeune garçon ne bougea pas d’un pouce et me fixa les yeux ronds. C’était à croire qu’il n’avait jamais subi de refus de toute sa vie. Quelque chose me disait qu’il avait été sympa jusqu’à maintenant, mais que ça n’allait pas durer…

- Quoi ? On ne me dit pas non à moi ! Tu viens avec moi et c’est tout !

Pardon ? Je fronçais quelque peu les sourcils.

- Mais j’ai pas envie !