Comme je l’avais promis à Hugo le jour où nous nous étions rencontrés à Pré-Au-Lard, je lui annonçais que j’étais libre un samedi après-midi. J’avais fait en sorte d’avoir fait une grosse partie de mon boulot afin de pouvoir lui consacrer une après-midi (ou moins selon comment on avançait). Il m’avait avoué être une quiche en potions et je lui avais offert mon aide qu’il avait accepté.
Le jeune garçon avait répondu positivement. Je lui avais donc donné rendez-vous à 14h30 à la Bibliothèque. C’était le seul endroit où nous pourrions bosser tranquillement. Je n’étais pas un acharné du travail, mais quand je bossais, j’aimais bien être tranquille, sans personne pour me déranger. Je supposais que pour Hugo c’était la même.

A 14h15, je quittais la salle commune des Serpentards et me rendis tranquillement à la Bibliothèque. Chance pour moi, personne ne m’avait posé de question sur ma destination. Et généralement quand on me demandait et que je ne voulais de personne avec moi, je ne répondais pas. C’était plus rapide que de répondre : « Bah écoute, je veux être tout seul. T’y vois pas d’inconvénient ? » Et puis, c’était pas mon style alors…
J’arrivais devant la porte de la Bibliothèque cinq minutes avant l’heure convenue. Je détestais être en retard. La ponctualité était une chose que j’essayais de respecter. Bon comme tout le monde, il m’arrivait d’être en retard mais ce n’était jamais sans une bonne raison derrière.
Je m’adossais contre le mur à côté de la porte et attendis tranquillement.

Il n’était même 14h30 lorsqu’Hugo apparut dans mon champ de vision. C’est pendant qu’il marchait vers moi que la demie sonna. Et bien on pouvait dire que lui aussi aimait la ponctualité. C’était une bonne chose car je n’aurais pas de reproche à lui faire. Bien sur, cela n’aurait pas été méchant, c’aurait été plus sous le ton de la plaisanterie, même si, je l’avouais, je n’en aurais pas pensé moins.
Enfin, il n’était pas en retard alors pourquoi perdre son temps avec des pensées inutiles ?

Hugo avançait, l’air un peu dans les vapes et pourtant entrain de me fixer. Je me demandais pendant un petit instant ce qu’il avait en tête, mais oubliais bien vite cette pensée car, premièrement, je n’étais pas télépathe pour savoir à quoi il pensait, et deuxièmement, je ne comptais pas lui demander parce que ça ne me regardais pas. Chacun ses pensées. Et puis je détestais les interrogatoires donc ce n’était pas moi qui interrogerais les gens sur leurs réflexions (aussi passionnantes soient-elles).
Quand il arriva à ma hauteur, il sembla de nouveau sur terre.

- Salut, c'est gentil d'être venu quand même. On rentre ?

Un sourire se dessina sur mes lèvres.

« Je te l’avais proposé non ? »

Et puis, ça n’aurait pas été sympa de ma part de lui dire de venir et que je ne me pointe pas au point de rendez-vous. C’était pas vraiment genre d’être comme ça. Quand je donnais une heure et un lieu généralement, j’étais toujours là.
J’ouvris la porte de la Bibliothèque et laissais entrer Hugo en premier. J’entrais à sa suite tout en refermant la porte sous le regard de la Bibliothèque. Quand elle regardait les gens qui entraient, on avait l’impression que si on ne fermait pas la porte, les livres allaient s’échapper et on subirait les pires tortures que le monde puisse exister. Encore pire que le sortilège de Doloris. Elle ne s’en rendait pas compte, mais elle était flippante quand elle regardait les gens de cette façon.

Ce fut Hugo qui choisit la table où nous étudions. Je le suivis sans rien dire. C’était moi qui avait choisi le lieu de rendez vous alors à lui de choisir.
La table qu’il avait choisit offrait une vue magnifique sur l’extérieur du château. Et bah avec ça s’il ne se mettait à pas à rêvasser, je n’étais plus le Prince des Serpentards. Enfin bon… On était là pour bosser.
Je me posais sur la chaise juste en face de lui pendant qu’il sortait ses bouquins ainsi que son devoir.

- Voilà la petit feuille qui me torture depuis bien une semaine ...

On croirait moi avec les devoirs de divination. Une vrai torture cette matière! Je ne comprenais pas pourquoi ils ne l'avaient pas encore supprimée du programme.
Je pris la feuille qu’il me tendait et lus rapidement l’énoncé. Je faillis déclarer que c’était bateau comme sujet, mais je me retins. Il était en troisième année et moi en cinquième. Nous n’avions pas le même niveau, c’était normal que pour moi le sujet me paraisse facile.
Je posais le parchemin sur la table et levais la tête vers Hugo.

« Y’a quoi que tu piges pas ? » demandais-je simplement.

Question peut-être stupide, mais c’était inutile que je perde mon temps à lui expliquer quelque chose qu’il avait déjà compris.

Ma question posa une colle sérieuse à Hugo. Je ne pus m’empêcher de sourire. Cette question était toujours problématique quand on la posait.
J’attendis tranquillement qu’Hugo ait fini sa réflexion et qu’il ne me réponde. Je regardais toujours le parchemin posé juste en face de moi. J’avoue que lorsque j’avais eu ce devoir à faire, j’avais cherché un bon moment avant de trouver un truc à écrire.

- Ben déjà je vois pas trop ce qu'il demande parce que c'est trop vaste, " les propriétés des plantes sous marines". Je veux dire, y'en a tellement, je vais pas parler de toutes, sinon je vais faire 1 ligne et demie pour chaque plante mais ça servirai à rien non ?

Hugo avait beaucoup de logique.

- Et puis, je sais pas rédiger dans cette matière ... Il nous donne pas de méthode, il dit juste "rédigez" alors avec ça ... Je vais pas aller bien loin ...

Je posais ma tête entre mes mains et le fixais pendant quelques secondes. La logique de ce garçon m’étonnerait toujours. Et dire qu’il n’avait que treize ans. Même moi qui n avait deux de plus je n’avais pas autant de logique par moment. Néanmoins, mes notes étaient toujours excellentes. Bref !

« Pourquoi ne pas plutôt répertorier toutes les propriétés des plantes, plutôt que les plantes elle-même ? Après, tu peux rédiger brièvement en quoi elles consistent. »

Après tout, ce devoir ne disait pas qu’il fallait parler de chacun des plantes, non ?

« Il y a beaucoup moins de propriétés que de plantes. »

Mon idée plut à Hugo qui l’accepta aussitôt. Il se mit aussitôt au travail en faisant une liste de ce qu’il savait des propriétés des plantes.
Je callais mon dos contre le dossier de ma chaise et croisais mes bras, comme j’avais l’habitude de faire. Je le regardais écrire sa petite liste pendant de longues minutes. Je me laissais aller à mes pensées. Habituellement, quand je travaillais, je ne laissais rien me perturber. Cependant là, c’était Hugo qui travaillait le plus, pas moi. J’étais là pour lui filer un coup de main, pas pour travailler à sa place. Sinon, ça ne servait à rien. Ce n’était pas ainsi qu’il progresserait.
Enfin, j’étais quand même mal placé pour faire des leçons. J’étais le premier à désobéir.

Je revins à la réalité quand Hugo tourna la feuille vers moi afin que je vois ce qu’il avait écrit. Je pris le parchemin entre mes mains. Je pris le soin de lire toute la liste de A à Z. Il y avait pratiquement tout ce qu’il fallait pour faire un bon devoir. Bon, je ne disais pas qu’il allait avoir la meilleure note de tous, mais au moins, il en aurait une bonne.

« C’est bon... Mais il en manque quelques unes. »

Je pris sa plume et écrivis directement celles qu’il manquait. Je ne pris même pas la peine de lui demander si je pouvais ou non. En fait, je savais d’avance qu’il ne dirait pas non. C’était des points en plus pour son devoir.
Mon écriture était différente de celle d’Hugo et ça se voyait. Enfin, ce n’était qu’un brouillon, qui irait vérifié que c’était bien lui qui avait écrit et non une autre personne ? Personne.

« Et voila. »

Je lui rendis son parchemin ainsi que sa plume.

De nouveau Hugo me remercia. Puis il me demanda s’il rédigeait maintenant ou alors nous faisions autre chose. C’était une bonne question. Personnellement, je m’en fichais. Mais bon, j’étais surtout là pour lui.

« Ben... Rédiger, je suppose que t’as pas besoin de moi. »

Ca, tout le monde savait faire. Même les premières années. Enfin bref.

« Y’à quoi d’autre que tu comprends pas ? »

Maintenant, j’allais passer à l’interrogatoire car le devoir était plus ou moins fini. Enfin il manquait plus que le recopiage, mais ce n’était pas ça qui allait prendre le plus de temps. Une fois les grandes lignes écrites, c’était les doigts dans le nez, si on pouvait dire ça comme ça.
D’un coup, je sentis un drôle de regard se poser sur moi. Je tournais la tête pour voir Mrs Pince entrain de nous fixer pour voir ce que nous faisions. Je levais les yeux au ciel. Décidemment cette bonne femme, il fallait toujours qu’elle regarde ce que les autres faisaient. Chance pour nous, elle ne s’attarda pas car nous n’avions aucun livre sur la table qui appartenait à la Bibliothèque. Une fois qu’elle eut disparut, je lâchais :

« Mais quelle sangsue cette bonne femme ! »

Scorpius me demanda ce que je ne comprenais pas d'autre mais avant que j'eus le temps de répondre il tourna la tête alors je regardais dans la même direction et je vis Mrs Pince qui nous regardait.

Elle surveillait tout le temps les gens, mais ça ne me gênait pas plus que ça vu que je n'avais rien à me reprocher et qu'en général, j'étais là pour dessiner plus que pour utiliser ses bouquins. Ils m'étaient inutiles dans le sens où il y en avait tellement que c'était impossible pour moi d'en sélectionner seulement certains.

- Mais quelle sangsue cette bonne femme ! Lâcha Scorpius alors qu'elle retournait à ses occupations.

Je me demande bien ce qu'elle fait à part rester assise toute la journée ... Vu que c'est NOUS qui sortons les livres et c'est NOUS qui les rangeons après ...

- T'as raison ... Mais elle est sacrément vieille ... Tu crois qu'elle est là depuis combien de temps ? Parce que mon père m'a dit qu'elle avait déjà un certain âge quand il était au Collège ... Elle doit avoir plus de 100 ans, au moins !

Je me mis à sourire, Wow 100 ans, elle devrait être en charpie la vieille ! Mais non, elle est toujours là et en un seul morceau. Bon, pas forcément génial le morceau, mais en un seul, c'est déjà ça ...

- T'as raison ... Mais elle est sacrément vieille ... Tu crois qu'elle est là depuis combien de temps ? Parce que mon père m'a dit qu'elle avait déjà un certain âge quand il était au Collège ... Elle doit avoir plus de 100 ans, au moins !

Pour le coup, je ne pus m’empêcher de rire. Moi aussi j’en avais entendu parler de cette vieille femme. Mon père m’avait dit qu’une fois elle lui avait hurlé dessus parce qu’elle croyait qu’il était entrain d’écrire sur un livre alors qu’en fait, il était simplement entrain de lire un truc et avait pointé la pointe de sa plume sèche sur la ligne qui l’intéressait. Seulement voila, mon père n’avait pas sa langue dans sa poche non plus et c’était chopé une heure de colle à ranger les bouquins. Quand il m’avait raconté ça, j’étais mort de rire. Mais lui ne rigolait pas.

« Un siècle ?! Bah tu sais, parait que Dumbledor en avait encore plus avant de mourir. Et si on ne l’avait pas tué, il aurait encore duré des années et des années. »

Je n’étais pas forcément fier de la partie qui disait que c’était le rôle de mon père de tuer Dumbledor. Cependant, il ne l’avait pas fait. Et ça, c’était quelque part rassurant.

« Un jour, on va retrouver un squelette à la place de Pince ! Morbide comme truc ! Imagine, après on l’aura comme fantôme... Glauque ! »

- Wow tant que ça ?! J’aurai aimer le rencontrer, ça devait être quelqu’un de très imposant en fait...

Surement... En fait, mon père m’en parlait peu. Je pense qu’il avait honte de ce qu’il avait faillit faire. Ce qui était surprenant. Je ne me cachait pas pour dire que mon père était quelqu’un de vaniteux. En fait, je tenais de lui pour ça. C’était un fait. Enfin bon...

« Moi aussi. Mais il est mort et ‘enterrer’ dans le lac je crois. Enfin enterrer... Façon de parler. »

Par contre, pour ce qui était de Mrs Pince, c’était autre chose. C’était clair que c’était glauque de savoir qu’elle hanterait peut-être un jour les murs de ce château. Je la voyais bien comme Mimi Geignarde dans les toilettes des filles. Sauf qu’au lieu d’éclabousser les gens, elle leur hurlerait dessus quand un d’entre eux tiendrait un peu mal un livre dans ses mains.

- Oh beurk ! ça sera encore pire, déjà qu'elle fait peur maintenant alors en plus avec la capacité de nous passer à travers. Brrr

Je ne pus m’empêcher de sourire. Ce n’était pas le fait qu’elle passe à travers tout qui m’effrayait le plus, c’était qu’elle ne repose jamais en paix à cause des élèves qui manipuleraient tous ces livres dont elle avait tant pris soin jusqu’à présent.

- J'ai toujours détesté quand ils font ça les fantômes, ça me fait froid dans le dos. Et pas que dans le dos en fait, tout partout ! Tu crois que nous aussi on peut devenir des fantômes quand on sera mort ? Être obliger de hanter le château ... ça doit être bizarre ... Et ... tu pense qu'on a le choix ? De le devenir ou pas, je veux dire.

Ah ! Ca c’était une bonne question. Je me mis à réfléchir un instant. Il me semble que j’avais déjà posé cette question à ma mère... mais qu’est-ce qu’elle m’avait répondu ce jour-là ? Je me souvenais avoir soupiré de soulagement après la réponse.

« Il me semble que... que tout le monde ne devient pas un fantôme. Je ne me souviens que ma ma mère avait dit que seulement certaines âmes restaient sur terre. Et je t’avoue que franchement, j’espère ne pas faire parti de ces âmes là ! »

- Oh moi non plus ! J'aimerai pas être bloqué dans un endroit comme ça, condamner à voir défiler des tonnes et des tonnes de gens, tous vivants qui plus est !

Je hochais la tête. J’étais tout à fait d’accord avec lui. L’angoisse de voir les années passer sans rien faire d’autre que planer dans le château et discuter de temps à autre avec les élèves. Quoi que ça pourrait être amusant de faire peur aux gens. Mais qu’est-ce que je raconte moi ?! Non, je ne souhaitais pas devenir un fantôme donc inutile d’avoir ce genre de penser en tête.

- Oh mince, c'est passé super vite ! Je suis désolé t'as pas du tout eu de temps pour toi ...

Et bah... S’il se mettait dans cet état là juste parce qu’il était 18h, j’osais même pas imaginer s’il était 20h. Je le regardais ranger ses affaires les sourcils levés. Et bah... Quelle énergie.

« Y'a pas de soucis. De toute façon, je t'avais réservé l'aprem alors... »

- Ben, je te redis merci Scorpius, je te revaudrai ça ... Enfin, si je trouve un truc que je fais mieux que toi, je t'apprendrai.

J’eus un sourire. Ce petit avait le don de me faire sourire. Quand il commença à partir, je ne pus m’empêcher de répliquer :

« Si tu deviens un pro en divination, j’suis preneur. »

Ouais, une quiche en divination et fier de l’être !

-Si tu deviens un pro en divination, j’suis preneur.

Je souris en me retournant.
- Eh ben, j'y connais rien pour l'instant mais je pense que je vais pas y arriver parce que moi et ce genre de truc flou et pas du tout concret, j'aime pas ...

Il sourit. Encore un truc en commun avec lui ...
- Mais tu me montrera tes dessins on fera une comparaison. Dis-je avec un clin d'oeil. Et là on verra si je suis meilleur que toi ou pas.

Je fit un grand sourire avant de quitter la bibliothèque